L’engagement de la médiation des relations dans un projet de société

Pour quelles raisons toutes les formations à la médiation sont-elles positionnées de manière idéologique, politique ou / et confessionnelle ? Parce qu’au centre de cette thématique, à l’insu même des intervenants qui le plus souvent n’y ont pas réfléchi, il y a la manière dont la personne est considérée et implicitement définie, celle dont on considère le fonctionnement relationnel, celle dont on identifie les causes des conflits, la définition même du conflit, et donc  la manière dont on peut intervenir, avec quelle forme de légitimité ou d’autorité, et selon quelles modalités, avec quels savoir-faire, quelles règles éventuelles, et enfin, par voie de conséquence, qui peut être médiateur, déterminant ainsi le champ d’intervention potentiel de ce tiers.

Certes, il existe de nombreuses formations de type tambouille, mais quoi qu’il en soit, aucune ne peut échapper à ces identifications engageantes dans une conception du rapport en société, c’est-à-dire dans un projet politique. Comme le droit est révélateur de son origine confessionnelle laïcisée, la médiation porte les traces de son référentiel culturel ou cultuel.

Le référentiel de l’école française, l’EPMN, est celui de la rationalité. C’est en sachant réintroduire la raison que le médiateur accompagne les protagonistes d’un différend vers sa résolution. C’est par cette compétence très pointue que l’on peut différencier un professionnel d’un amateur qui a, lui, le vocabulaire de la “tentative de médiation”, de confusion avec la conciliation, qui va puiser dans des approximations la justification de ses insuffisances.

La posture du médiateur professionnel est dite “altérocentrée”, un terme créé spécifiquement par Jean-Louis Lascoux. Il exprime la distanciation en même temps que la force de la démarche rationnelle qui fait la discipline du médiateur professionnel, exclusivement formé par cette école.